Muhammad Ibn Habîb al-Buzîdî, plus connu sous le nom de Sidi Hamou Cheikh, est né en 1824 dans la vallée des jardins - Dabdaba, à Jenâne Takarli, au sud de Mostaganem. Issu d’une lignée chérifienne, il descend de Sîdî Abû Zayd, un saint vénéré dans le djebel Amour (mausolée à Aflou).
Cheikh al-Buzîdî bénéficie d’une première éducation religieuse au sein de sa famille.
Après sa formation familiale, al-Buzîdî poursuit ses études à la zâwiya de Bouguirat. Il y approfondit le Coran, la grammaire et le fiqh sous la direction du cheikh Charîf ould Jilâlî ‘Abdellah ben Tekkouk (1874 -1890) qui, à cette époque là, n’a pas encore fondé la confrérie Senoussi
Alors qu’il rend visite à sa famille, al-Buzîdî est accusé d’être un informateur de l’Émir Abd-el-Kader. Il est arrêté par les autorités coloniales et emprisonné peu de temps. Grâce à l’intervention de l’un de ses oncles maternels, il est libéré mais doit fuir Mostaganem pour éviter d’être tué
Son exil commence par un passage à Tlemcen, où il reçoit en songe l’ordre de partir au Maroc. Malgré ses craintes, il obéit à cette injonction spirituelle et traverse un pays qu’il perçoit comme hostile. Il y affronte de nombreuses difficultés, notamment...
Au Maroc, al-Buzîdî rencontre à ‘Ain Zoura (mont du Karkar ) le cheikh Muhammad b. Qaddûr al-Wakîlî, deuxième maître dans la chaîne après le Cheikh Moulay al-‘Arbî al- Darqâwî, une figure majeure de la tarîqa Darqâwiyya (branche de la Shâdhiliyya), établie à Oujda
À l’approche de sa mort, al-Wakîlî désigne al-Buzîdî comme son successeur spirituel. Il lui confie la gestion de sa zâwiya et l’éducation de ses enfants. Cette investiture est reconnue par les disciples du cheikh. Al-Buzîdî assume cette responsabilité avec dévouement.
Reconnu comme guide spirituel après le décès de son maître, al-Buzîdî, attire de nombreux disciples et savants, notamment dans la région du Rif. Sa réputation grandit malgré un certain nombre d’hostilités. Il incarne les valeurs de dépouillement, d’humilité et de transmission spirituelle.
Ahmed ibn Mustapha al-Alâwî naît le 13 octobre 1874 (2 Ramadan 1291) à Mostaganem, ville portuaire de l’ouest algérien alors sous administration coloniale française. Son père, Mustapha Benalioua, exerce le métier de cordonnier et appartient à une lignée honorable dont l’un des ancêtres servit comme cadi à Alger
Il arrive à Mostaganem vers 1889, porteur du dépôt initiatique. Il y retrouve une Algérie transformée par la colonisation. A peine installé, il initie quelques disciples
Le décès de Mustapha Benalioua, survenu alors qu’Ahmad n’a que seize ans, plonge la famille dans une situation financière précaire. Ce père cordonnier, qui transmettait à son fils les « nobles caractères » (makârim al-akhlâq), appartenait à une lignée distinguée dont l’un des ancêtres fut cadi à Alger
Au seuil de son itinéraire spirituel, le jeune Ahmad al-Alâwî rejoint la confrérie ‘Isâwiyya, fasciné par l’éclat spectaculaire de ses cérémonies, rituels de transe collective, démonstrations extatiques et phénomènes considérés comme surnaturels
La rencontre entre Ahmad al-Alâwî et Cheikh al-Bûzîdî a lieu vers 1894, alors que ce dernier vit dans l’anonymat à Mostaganem comme maître d’école coranique. Cette rencontre marque un tournant : al-Bûzîdî, inspiré par une vision, reprend son rôle de guide spirituel
Un événement décisif survient lors de la visite du savant tunisien Muhammad b.Abdallah al-Madanî al-Sfâxî, invité à faire une série de conférences à Mostaganem.
Cheikh Adda Bentounes est né le 29 octobre 1898 à huit heures du matin dans le quartier de Tigditt à Mostaganem. Il est le benjamin d’une famille de vieille souche mostaganémoise, modeste par son rang social. Son père, Benaouda el Hadj Bentounes, était épicier et muqadem d’une branche de la Darqâwiyya.
Le Mi’râj al-sâlikîna wa nihâyatu l-wâsilîna , « L’Ascension des cheminants et la fin des parvenus », constitue le premier ouvrage composé par le Cheikh al-Alâwî, achevé en 1901, alors que le disciple n’avait que vingt-sept ans
Le manuscrit Miftâh al-shuhûd fî madhâhir al-wujûd (La Clé de la contemplation dans les manifestations de l’Être) est l’un des premiers écrits de Cheikh al-Alâwî, rédigé avant même ses autres grands commentaires comme les Minah al-qudusiyya.
Le voyage de Cheikh al-Buzîdî à Tlemcen, effectué en 1905 en compagnie de Cheikh al-Alawî et Ben Slimane, marque un tournant dans l’expansion de la confrérie de Mostaganem. Bien que Cheikh al-Buzîdî soit âgé et malade, c’est Cheikh al-Alâwî qui joue un rôle central dans la diffusion de la voie soufie à Tlemcen
Dès l’âge de huit ou dix ans, Cheikh Adda Bentounes commence à fréquenter la zâwiya Alâwiyya, initié par son frère Munawwar. Il reçoit une éducation religieuse classique à l’école du cheikh Belhamissi, apprenant le Coran, les hadiths, le fiqh et la grammaire
Le manuscrit Minah al-quddûsiyya (Les Dons sanctifiés) constitue l’une des œuvres maîtresses du Cheikh al-Alâwî
Traité de haute spiritualité où le Prophète Muhammad est contemplé comme réalisation de l’Homme universel (al-insân al-kâmil). L’œuvre développe également une analyse symbolique du point (nuqta) comme principe métaphysique de toute manifestation.
De retour à Mostaganem vers 1889, Cheikh al-Buzîdî initie un soufisme discret, pacifique et intégré dans le contexte colonial. Il attire des disciples influents comme Ahmad Bensmaïn et Ben Kritly, qui jouent un rôle social et politique important
Œuvre la plus volumineuse du Cheikh al-Alâwî, constituant un authentique traité de soufisme contemporain
A la mort de Cheikh al-Buzîdî, survenue le 27 octobre 1909 (12 Shawwâl 1327), l’investiture de Cheikh al-Alâwî comme maître de la confrérie s’impose progressivement, non sans résistances intérieures. Le disciple hésite, songe même à l’émigration, refuse d’abord la charge qui lui échoit
Cheikh Muhammad al-Buzîdî décède le 27 octobre 1909, à l’âge d’environ 85 ans. Son décès marque une étape cruciale dans l’histoire de la confrérie, provoquant des débats internes sur sa succession.
Peu après son investiture comme maître de la confrérie en novembre 1909, Cheikh al-Alâwî entreprend un premier voyage en Orient, motivé par une profonde crise intérieure et le désir de fuir la charge spirituelle qui lui échoit
Le commentaire ésotérique Minah al-qudusiyya (Les Dons sanctifiés), rédigé par Cheikh al-Alâwî en 1907, est finalement édité à Tunis en 1911. Cette publication marque un tournant dans la notoriété du cheikh, notamment dans les milieux savants et soufis de Tunisie et de Tlemcen.
Les fondations de la grande zâwiya Alâwiyya de Mostaganem sont posées dès 1914, mais les travaux sont interrompus par le déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Abderrahman Tapié, libraire à Oran, est considéré comme le premier disciple français du Cheikh al-Alâwî, auquel il se rattacha vers 1914.
En 1915, le Cheikh effectue un voyage dans le Sahel tunisien, où plusieurs zâwiyas de sa confrérie sont déjà établies.
Interprétation spirituelle de cette sourate centrale qui relate le mi’râj (ascension nocturne) du Prophète.
La légitimité spirituelle du Cheikh al-Alâwî repose sur la reconnaissance dont il bénéficia auprès des autorités religieuses du monde musulman.
Mobilisé dans le 20e régiment des tirailleurs algériens à Mostaganem, Cheikh Adda Bentounes, qui appartient à la classe 18 indigène, échappe heureusement au front et demeure en garnison où il acquiert une solide connaissance du français et des Français.
En 1919, le Cheikh al-Alâwî effectue un second séjour en Tunisie, trois ans après sa première visite de 1915.
L’implantation de la confrérie au Yémen s’opère par l’intermédiaire de disciples tels que ‘Abdallâh ‘Alî al-Hakîmî et ‘Alî b. Muhammad al-Saqâf, qui fondent des zâwiyas et forment des disciples locaux, faisant du Yémen un centre majeur de l’Alâwiyya hors du Maghreb.
« L’Introduction aux dix réponses » constitue un texte inachevé du cheikh Aḥmad al-al-Alâwî, rédigé en réponse à dix questions formulées en 1919 par Eugène Abderrahmane Tapié, libraire et disciple européen.
Face à la menace d’une législation coloniale visant à restreindre l’enseignement coranique en Algérie dans les années 1920, le Cheikh al-Alâwî composa la Luṭfiyya, prière de supplication mystique implorant la bienveillance divine (luṭf) et la délivrance.
Fatma Bensbia s’éteint en 1337 H (1919), comme en témoigne la pierre tombale érigée près du mausolée de son fils à Mostaganem.
Lors de son voyage en Kabylie, Cheikh al-Alâwîfonde la première zâwiya de la ṭarīqa Alâwiyya dans la localité des Jʿâfira, près de Sidi Aïch, sur un terrain offert par Muḥammad al-Sharīf b. Ḥasan, l’un de ses disciples les plus dévoués.
Dès les années 1920, le Cheikh al-Alâwî impulse une remarquable expansion en Europe, fondant des dizaines de zâwiyas dans les principales villes portuaires et métropoles du continent, de Marseille à Cardiff, de Paris à Amsterdam.
Recueil de poèmes composés principalement à Tlemcen dès le début des années 1910, où les habitants – cheikhs, juristes et riches commerçants – révéraient grandement le Cheikh.
La figure du Cheikh Ahmad al-Alâwî (1874-1934) suscita, de son vivant, l’intérêt et l’admiration de plusieurs Occidentaux dont les témoignages demeurent des sources précieuses pour appréhender sa stature spirituelle
Après sa démobilisation en 1921, Cheikh Adda Bentounes entreprend le voyage vers Tunis où il s’inscrit à la prestigieuse université de la Zaytûna pour parfaire sa formation théologique par une instruction formelle.
En 1922, le Cheikh al-Alâwî entretint une correspondance avec l’Émir Abdelkrim, vainqueur des Espagnols et fondateur de la République rifaine.
Institués dès 1919 par le Cheikh Ahmad al-Alâwî, les congrès annuels de la Voie Alâwiyya s’affirment, à partir de 1922, comme de véritables carrefours spirituels et intellectuels.
Hebdomadaire en langue arabe fondé en 1923 à Alger, dirigé par Mustafâ Hâfidh, directeur d’école coranique.
En 1923, Cheikh Adda Bentounes est officiellement nommé muqadem de la zâwiya de Mostaganem, succédant à Sâlih Baghdâdî que cheikh al-Alâwî vient d’envoyer à Oran pour y développer la présence confrérique.
Quatre ans après la parution du Dîwân en 1920, une vive polémique éclate en 1924 lorsque le journal al-Najâḥ de Constantine s’en prend à quelques vers d’une qaṣīda dédiée au Prophète, reprochant au Cheikh al-Alâwî la manière dont il s’adresse au janāb muḥammadī (présence prophétique).
Dans les années 1920, la tarîqa Alâwiyya franchit une étape décisive en s’implantant sur le sol européen.
En 1924 et 1928, le cheikh al-Alāwī effectue deux tournées au Maroc où sa confrérie compte déjà plusieurs milliers de disciples.